Alimentation et santé mentale

Prends un grand verre d’eau, temps de lecture : 9 minutes

Au menu d’octobre
LE ZOOM :  Ce que nous raconte ton assiette
LE TEMOIGNAGE : Vivre avec un trouble de l’alimentation
VU AILLEURS :  Ayurveda, Glucose & compléments alimentaires
CHANGER DE REGARD : Petit déjeuner, régimes et jeûne
Alimentation et santé mentale : l’oeuf ou la poule ?

J’ai du mal à le digérer, c’est dur à avaler, j’ai la boule au ventre. Notre récit collectif est ponctué d’allusion à un lien fort entre nos émotions, notre corps et notre assiette. Mais alors, s’agit-il de bien manger pour aller bien ou d’aller bien pour bien manger ?

Ton assiette, son pouvoir sur ta santé mentale
Ton assiette a un impact double sur ta santé. D’abord physiologique, ton alimentation est à la base des fonctions vitales. Un corps sans carence c’est un cerveau en capacité d’activer tes neurotransmetteurs et toutes les hormones nécessaires au maintien d’un équilibre psychique et émotionnel. Tu as besoin de chaque famille d’aliments. Les nourrissons ont ainsi le réflexe de satiété…en grandissant, ça se complexifie car ton assiette a aussi un impact psychologique. En effet, manger avec plaisir active le chemin de la récompense, à l’inverse, il peut générer de la frustration et donc augmenter les réactions chimiques de stress. Giulia Enders a mis en évidence dans son célèbre ouvrage « Le charme discret de l’intestin« , le lien corps/émotions lié à la digestion. Un extrait de sa démarche à écouter ici. Ainsi, quand on mange on recharge les batteries certes, mais on a un réel impact sur notre cerveau.

Ton frigo, reflet de ta santé mentale
Sans aller jusqu’au « dis-moi ce que tu as dans ton frigo, je te dirais comment ça va », nos habitudes sont à regarder comme les messagers de nos besoins. Une gourmandise pour le coup de mou, un verre pour célébrer…ou pour oublier. Les aliments offrent une réponse immédiate à un besoin, donc sur du court terme apaisent les émotions désagréables et renforcent les émotions agréables. Proust a mis également en lumière le lien avec notre mémoire sensorielle dans les célèbres madeleines de Proust. Ce n’est pas le seul indicateur qui influe : ton histoire, ton métabolisme et le reste de ton hygiène de vie vont influer sur la manière dont ton corps va réagir aux aliments.
Prendre soin de ton alimentation comme lien à tes émotions
Par exemple, manger plus avant une période d’examens ou lors d’une période chargée au travail a été reconnu comme une pratique habituelle, le corps stocke en prévision de l’effort intellectuel à venir et pour compenser un stress présent en cette période. L’identifier te permettra simplement de prendre du recul, activer d’autres ressources pour gérer ton stress, ça ne veut pas dire que c’est un trouble, c’est simplement le résultat d’une émotion à un temps T.

1. Observe tes 5 sens s’activer en tenant un carnet de bord
2. Identifie quand il s’agit d’une faim physique / une faim émotionnelle
2. Ajuste pas à pas ta liste de course & tes habitudes
Idée reçue 1 : Le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée
Le petit déjeuner permet de faire un stock d’énergie pour démarrer sa journée et éviter dérèglements et fringales qui favorisent la fatigue et l’irritabilité. Un petit-déjeuner oui, mais à deux conditions :
1. avoir faim, quite à attendre un peu après le réveil, ne jamais se forcer
2. choisir les bons apports 
Piste à explorer : pour éviter les chutes d’énergie en matinée, préférer un petit-dej salé

Idée reçue 2 : Non aux régimes, Oui au jeûne
C’est pas si simple ! Les régimes sont à éviter car ils augmentent le risque de frustration, peuvent mener à des carences et sont souvent basé sur l’élimination d’un apport essentiel : le gras. Un changement plus progressif d’alimentation est conseillé car le rapport au corps est très différent d’une personne à une autre et peut avoir un impact direct sur l’estime et la confiance en soi. Le jeûne a quant à lui bonne presse mais les professionnel.le.s interrogé.e.s sont formel : à pratiquer que lorsque notre alimentation a déjà une base saine, qu’on est en pleine santé physique, et sous la surveillance de pro qualifiés.
Réflexe à adopter : se renseigner sur les pratiques de jeunes à visée thérapeutique ou préventive
 
L’alimentation, le refuge et le piège

*TW : troubles alimentairesAnais Nighoghossian et Claire François, ont accepter de témoigner sous leur identité ici et lors du festival Facettes dédié à la santé mentale des jeunes. Elles partagent 2 points communs : un vécu qu’elles acceptent de rendre public pour donner de l’espoir à celle.ux qui traversent des troubles du comportement alimentaires & des conseils pour les proches car l’entourage a aussi un rôle à jouer.

 « Pendant des heures, j’ai fouillé dans les pages jaunes. J’étais livrée à moi-même. » Voilà comment démarre Anaïs pour me partager son parcours long et emprunt de solitude pour aller mieux. Parcours qu’elle a décidé de retracer en publiant aux Jets d’encre, Dix heures douze, place d’Italie. Après une première hospitalisation à l’âge de 17 ans, où elle subit un traitement d’une autre époque, elle fuit le milieu hospitalier pendant une dizaine d’année, traversant des hauts et des bas jusqu’à la rechute en 2019, à l’âge de 30 ans. Accompagnée par les équipes de la CMME à Saint-Anne, à Paris, elle apprend l’existence d’une unité spécialisée. Après une série d’examens et de lettres de motivation en tout genre elle échappe aux 6 mois de délais d’attente. « Ils m’ont sauvé la vie » nous confie-t-elle à propos des équipes médicales sur place. Comment ? « J’ai pu sortir de la honte, maintenant avec le livre j’aspire à dire ma vérité, en mon nom. » 



Claire, quant à elle l’annonce d’emblée « Je me suis rendu compte très tard du lien entre ma santé mentale et mon alimentation. » Claire vit avec des troubles depuis 11 ans, ils se traduisent par des crises d’hyperphagie. Son premier déclic a lieu à la fac, alors qu’elle est étudiante en fac de psycho. C’est très vague mais une graine est plantée « ça pourrait m’aider d’être accompagnée ». Sa vraie prise de conscience a lieu à 25 ans après plusieurs régimes et après un mémoire qu’elle consacre aux représentations du corps de la femme. La goutte d’eau « Je ne vais pas bien » a eu lieu dans le cadre du travail, mais elle le sait maintenant, « les TCA étaient là avant« . Grâce à des professionnel.le.s divers, elle a vu son rapport à l’alimentation évoluer de « je me sens vide donc je mange mes émotions » à « je mange mal car j’accueille mal mes émotions. » Aujourd’hui elle avance sans crise, avec un lien émotionnel qui demeure. Son plus gros constat ? « Le chemin est progressif, j’ai vu une médecin hypnothérapeute qui m’a permis de reconnecter à mon corps, j’ai suivi des conférences et des stages qui mélangeaient des analyses transactionnelles et un travail énergétique proche de l’invisible« . Chaque approche est pour elle « un filet de sécurité, ou peut-être même un trampoline » pour aller mieux. Ce qui leur a fait du bien : Toutes les deux partages l’importance d’avoir des proches dans une empathie profonde : qui sortent des discours moralisateurs ou culpabilisant. Ces conseils parfois doués d’une bonne intention génèrent de la résistance voire augmentent la peur. « Ils n’avaient pas besoin de me mettre la tête dans mon problème, vous pensez que nous sommes dans le déni mais on ment. » Anaïs invite à respecter la distance sans être inquisiteur. Elle nous cite le message d’une proche qui l’a marquée, le seul où elle a été réceptive en 15 ans de parcours de soin et de rétablissement, car elle le reconnaît, c’est aussi arrivé au bon moment, elle avait eu son déclic : « Je sais que tu te donnes du mal pour aller bien. Je veux t’aider. Si tu crois qu’on peut guérir, je veux être à tes côtés. »Claire quant à elle, souligne l’importance d’une rencontre avec une thérapeute. Plus que sa spécialité c’est son humanité qui l’a accompagnée.

Les troubles du comportement alimentaires peuvent être divers et multifactoriels (anorexie, boulimie, hyperphagie, addiction), on vous invite à en parler à des professionnel.le.s de santé.
En savoir plus sur les troubles des conduites alimentaires
Direction l’Orient : 
L’ayurveda est une médecine traditionnelle indienne, qui date de plus de 4000 ans. Elle vise à guider chacu.e vers une vie saine et heureuse grâce à un équilibre qui agit sur divers aspects de la vie quotidienne, en prévention. L’humain comme représentation de l’univers, présente 5 éléments (terre, eau, feu, air, ether). L’interaction de ces 5 éléments forme une énergie, nommée Dosha. Chaque être a une constitution, dite Prakruti, avec un Dosha dominant. Lorsqu’un.e professionnel.le identifie notre constitution, on peut être guidé.e à ajuster nos routines de vie dont l’alimentation, pour favoriser un bon équilibre et éviter une altération de sa nature. 
>> Découvrir ta constitution
Comprendre et agir sur notre courbe de glycémie 
Lorsque l’on ingère du sucre cela crée un pic de glucose, favorable pour nos muscles mais trop intense pour laisser le cerveau fonctionner librement, nous faisons de « l’hyperglycémie » et non, ça ne concerne pas que les diabétiques. Après ce pic à double tranchant, le sucre chute brutalement dans le sang et les neurones se retrouvent mal alimentés. Fatigue, irritabilité, concentration difficile, le « craving » arrive, caractérisé par cette sensation de manque. On a découvert une pépite qui indique quels aliments privilégier seuls, dans quel ordre, avec quelle combinaison d’autres aliments et à quel moment pour maîtriser ces pics de glucose.

5 conseils faciles à appliquer :
1. démarrer son repas par un grand verre d’eau qui contient du vinaigre
2. respecter lors de chaque repas l’ordre : végétal > protéines > féculent > gras > sucre
3. au petit dej garder le café en fin de course
4. ne jamais manger de sucrerie en dehors des repas
5. marcher 10 minutes après chaque repas

>> Mode d’emploi disponible sur Instagram et en livre par Jessie Inchauspé, Glucose Goddess
 
Booster son système immunitaire 
Nos aliments ont perdu avec l’évolution de l’agriculture et l’appauvrissement des sols leurs valeurs nutritives et donc leur bienfaits sur notre santé mentale. Il est donc recommandé toute l’année d’enrichir son alimentation de compléments. Il s’agit de concentrés de nutriments. Un accompagnement par un.e professionnel.le est vivement recommandé pour vous guider. 
Astuces :à prendre le soir pour une meilleure intégration durant votre sommeil se renseigner sur la composition, la qualité, la typologie, toutes les marques ne se valent passe renseigner sur les doses journalières