Travail, études et santé mentale

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Au menu de septembre

LE ZOOM :  Travail, études et santé mentale
LE TEMOIGNAGE : Les B out 
VU AILLEURS :  3 inspirations à piocher
CHANGER DE REGARD : Une histoire de paillasson et de stress positif
Pourquoi c’est lié ?

Une question de temps passé : dans ta vie, tu passes en moyenne 80 000 heures à travailler

Une question d’environnement : les études ou le travail sont un lieu fort de relations sociales, or notre lien aux autres humains a un impact direct sur notre santé mentale

Une question de reconnaissance : notre estime de soi se forge depuis l’école, en devenant adulte c’est par notre travail qu’on acquiert un statut et donc une identité sociale

Une question d’enjeu : comme moyen pour être logé et nourri, le travail permet de répondre à nos besoins physiologiques et de sécurité pour assurer notre survie

Vivre une vie professionnelle sereine, c’est un droit
En cas de difficulté, tu es toujours légitime d’en parler à tes premiers interlocuteurs (proches, manager, professeur principal)

Si tu n’as pas l’écoute nécessaire, tu peux aussi en faire part à la direction, pense à passer à l’écrit

Entoure-toi, tu peux t’appuyer sur d’autres soutiens (RH, l’infirmier.e ou psy scolaire, médecine du travail, délégué de classe ou du personnel, les syndicats, une association, un médiateur)

Si tu sens que tu as un besoin de repos urgent, tu peux directement en parler à ton médecin généraliste près de chez toi ou à distance 

Pour t’accompagner à accueillir et apprivoiser le stress, tu peux consulter des spécialistes, demander à être coaché.e, joindre une ligne d’écoute, essayer une thérapie complémentaire

Pour résoudre des conflits ou retrouver ta motivation, tu peux consulter des psychologues spécialisés, psychologues du travail
En savoir plus
Idée reçue 1 : La santé mentale, c’est personnel, ça reste à la maison
L’idée de laisser « ses soucis » à la maison est illusoire. On ne laisse pas ses problèmes perso sur le pas de la porte lorsqu’on arrive au bureau. Est-ce qu’il te viendrait à l’idée de dire à quelqu’un qui a la gastro : merci de laisser ta maladie dans ta salle de bain ? Et bien c’est pareil pour un trouble psychique. Et d’autant plus, après la crise sanitaire qui a rendu la frontière entre travail et vie personnelle poreuse. 
Piste à explorer : instaurer un temps de météo intérieure en équipe

Idée reçue 2 : Il faut à tout prix éliminer le stress au travail
Le stress est une réaction chimique du système nerveux a priori, saine. Pour faire simple, les hormones nous préviennent des dangers et nous permettent de rester lucide dans nos actions. En répondant à de nouveaux stimulus, on développe notre capacité d’adaptation. 
Piste à explorer : identifier dans quelle zone tu te trouve et se demander si ton stress est moteur ou paralysant
 
Comment expliquer la grande démission ?
Le burn-out est-il un effet de mode ?

Tant mieux et peu importe.Tant mieux car ça veut dire qu’on en parle et c’est peut-être là la principale illusion, croire que c’est un phénomène nouveau car nous n’en parlions pas avant. Et peu importe, car ce qui nous compte ici, c’est comment toi, à titre individuel tu le vis. S’arrêter à un effet de mode, c’est ignoré toute la souffrance que de tels états peuvent enclencher. Pour te proposer un éclairage, on a lancé un appel à témoignage car lire d’autres parcours de vie, c’est souvent la première étape. Merci à Maud, India, Anaïs et Christine d’avoir accepté de nous partager leurs vécus.*Les prénoms ont été modifiés.

Ici nous allons aborder le burn-out qui fait référence à un état d’épuisement ou surmenage, et le bore-out qui fait écho à un ennui et à un manque de sens généralisé. Ces deux états peuvent impliquer un mal-être menant à l’arrêt de travail.

*TW : mal-être et crise d’angoisse.

 Christine a 58 ans et travaille depuis 18 ans comme assistante commerciale dans un grand groupe. Elle a vu son épanouissement se dégrader progressivement à partir d’une réorganisation en interne et son moral se miner devant l’ennui. Mise de côté, elle partage le même ressenti qu’Anaïs, 30 ans, dans le marketing qui a le déclic le jour où elle se sent « mise au placard ». Toutes les deux s’orientent alors vers la même issue de secours : se concentrer sur des projets personnels. Si cela fonctionne pour Christine qui trouve un appui chez ses proches et profite de l’arrivée du télétravail pour trouver un nouveau rythme, pour Anaïs c’est plus insinueux « Je pointais pour faire semblant de travailler, comment être épanouie ? C’est pas la belle vie. C’est dégradant d’avoir aucune considération. A force, on perd toute envie de faire quoi que ce soit au quotidien. Mon corps aussi m’envoyait des signaux, je somatisais. Sauf que c’est encore plus tabou que le burn-out, devant les moqueries on accepte pas l’implication de l’ennui sur sa santé mentale. J’ai mis du temps avant de consulter. » Un cheminement partagé par Maud qui a réalisé l’ampleur de ce qu’elle vivait lorsqu’elle est passé du statut de « bonne élève », travailleuse et ambitieuse, au statut « en grève » en étant incapable d’assumer une mission stratégique alors qu’elle venait d’être numéro 3 d’un grand groupe japonais. « Après avoir négocié une rupture conventionnelle, j’ai accepté d’investir sur moi en me faisant aider. J’ai pris le temps de me poser la question de ce que j’aimais dans la vie. J’ai réalisé à quel point je m’étais complètement perdue de vue. »

India a vu son équilibre de vie basculer à l’arrivée du COVID. Privée de tout ce qui lui permettait de contre-balancer un travail non épanouissant a disparu du jour au lendemain. Les crises d’angoisses et les cauchemars ont démarré mais elle tient un an, tenant par culpabilité « je n’osais pas me mettre en arrêt, j’avais l’impression que ma charge de travail allait reposer sur mes collègues par ma faute. Sans parler de la sensation d’être dans l’échec. Sauf que j’étais en larmes devant mon écran, les douleurs physiques s’intensifiaient, j’avais des pertes de mémoire très fréquemment. Enfin arrêtée tout a explosé. Puis petit à petit, j’ai appris à ne plus me sentir irremplaçable, à m’appuyer sur mon entourage, à couper complètement le lien au travail, j’ai approfondi ma connaissance de moi, j’ai pu compter sur le corps médical et différentes spécialités. » 

En bref, deux maux, une même réalité.
Burn-out et Bore-out engendrent des souffrances similaires, un isolement certain, une difficulté à se sentir légitime dans son mal-être et nécessitent de vrais ajustements et accompagnements pour en sortir, peu importe ton âge ou ton niveau de responsabilité.

Quelques signes à surveiller :

forte difficulté de concentration menant à une paralysie d’action

troubles affectant le quotidien : sommeil, alimentation

troubles affectant les relations : irritabilité, isolement

incapacité à se ressourcer même dans les plaisirs habituels

Solutions citées :
sortir de l’isolement et en parler (proches, associations)
être reconnu.e : être suivi.e médicalement et/ou psychologiquement
accepter de s’arrêter : c’est parfois l’unique mode de guérison
être accompagné : revenir aux causes avec l’aide d’un.e professionnel.le (intensité, exigence émotionnelle, manque d’autonomie, insécurité, conflit de valeurs)

Le prévenir : 
Faire la part belle aux temps de repos
Partager les responsabilités en parlant de ses doutes
Apprendre à écouter son corps qui est la première boussole
Rester à l’écoute de chacun de vos environnements

Pour aller plus loin
Clémentine Sarlat fait état aussi de burn-out patriarcal / parental

 
Dans cette rubrique, découvre trois outils d’exploration

Pour identifier ta voie / ta « raison de se lever le matin » : 
Inspire toi des habitants d’Okinawa au Japon en trouvant ton Ikigaï
La jonction entre tes aptitudes, tes goûts, le sens et le nécessaire
Pour des relations plus apaisées :
Adopte les réflexes de la CNV communication non violente
en écoutant son fondateur Marshall B. Rosenberg 
ou Thomas d’Ansembourg « Cessez d’être gentil soyez vrai »
Pour trouver un équilibre vie pro / vie perso :
Utilise la schématisation en suivant le modèle ci-dessous.
Tu peux aussi faire appel à l’art thérapie et créer un vision board